L'INAUGURATION

Bénédiction et inauguration officielles

Et le grand jour arriva. C'était un dimanche. Ce fut le 4 mai 2008. En cette journée festive et forte en émotions, l'église se remplit deux fois, ce qui totalise quelque 1 500 auditeurs et fidèles. Je témoigne, mais je suis peut-être l'un des moins bien placés pour le faire. En effet, comme le dit l'adage, "on ne peut être à la fois juge et partie". Or j'ai mis mon grain de sel dans la conception de l'instrument du Pecq, dans sa mise en place, dans le programme du concert inaugural et jusque dans la cérémonie de bénédiction. Et, en plus, officiant à la console, je n'étais pas à la meilleure place d'écoute, même si nombreux furent les envieux. Et mon petit doigt me dit que la liste de ceux-là n'a pas fini de s'allonger!

Vendredi 2 mai 2008: l'orgue est réceptionné

Alors que le facteur d'orgues a terminé le montage, l'harmonisation et l'accord de l'instrument, il livre le fruit de son travail au client pour le transfert de propriété. C'est le maître d'œuvre, Eric Brottier, qui a la main pour accepter ou refuser le chantier, avec ou sans réserve. Bien évidemment, les principaux acteurs de cette construction étaient présents, de Mme Marie-Claire Alain, marraine de l'orgue, à Louis Rosset, président des Amis des orgues de Saint-Thibaut, en comptant Susan Landale, organiste internationale, Philippe Vincent, architecte, le père Jean-Pierre Alloucherie de la commission épiscopale d'art sacré, ou le futur titulaire.

Eric Brottier a manifestement pris beaucoup de plaisir à jouer cet orgue, longuement. Et il a accepté "le chantier", avec une réserve officieuse sur... "la serrure des volets de la console, inesthétique". Cependant, on a pu constater que le "tempérament" de cet instrument était très trempé. On en reparlera... Magnifique réalisation, tant visuelle que mécanique et musicale!

Dimanche 4 mai 2008: l'orgue est inauguré

« 4 mai 2008
Bénédiction des nouvelles orgues
Le nouvel orgue de St-Thibaut, premier orgue du XXIe siècle dans les Yvelines, est en cours de finition.

Mgr Eric Aumonier présidera la messe solennelle au cours de laquelle le nouvel orgue sera béni.

Un concert inaugural de gala sera donné l'après-midi, avec la participation de:
- Marie-Claire ALAIN, organiste titulaire de l'orgue de l'église St-Germain de St-Germain-en-Laye,
- Susan LANDALE, organiste titulaire de l'orgue de St-Louis des Invalides à Paris,

- Eric BROTTIER, organiste conseil pour le ministère de la Culture,

- Et, en ouverture, Patrice LAUNAY, concepteur de l'orgue et son futur organiste titulaire. »

C'est donc à peine deux jours plus tard qu'a eu lieu l'inauguration officielle de l'orgue Kern de l'église Saint-Thibaut au Pecq. Cela ne laissa pas beaucoup de temps aux organistes pour venir répéter et se mettre ce nouvel instrument en doigts ou en pieds. Or, parmi eux, il en est un qui mène double vie et, qui plus est, devait non seulement ouvrir le concert, mais surtout interpréter lors de la cérémonie de bénédiction de courtes improvisations et trois pièces de sa composition en "première mondiale"... En dehors des cantiques habituels de la messe, ce n'est pas moins de 25 morceaux qu'il a interprétés. On mesure le défi...

Le défi se corse encore, puisque dans cette aventure une chorale paroissiale d'amateurs méritants était engagée. Elle eut la lourde tâche de créer les œuvres inédites, d'ailleurs de ce fait limitées à trois sur les cinq que comporte l'ordinaire (Credo et Sanctus ayant été laissés de côté...). Malgré la nouveauté de l'écriture donnant à l'orgue le premier rôle, cette musique liturgique fut convaincante (je ne parle pas ici de "beauté", qui est une notion très subjective), pour deux raisons au moins: les paroles de la messe y étaient particulièrement intelligibles - ce qui est rare dans les interventions de chœur -, et parce que les choristes avaient dû bûcher pour se mettre rythmes et modulations dans la voix. Or cet effort se révéla particulièrement salutaire.

Le titulaire inaugure "son" instrument.

La bénédiction et la messe inaugurale

Le principe de cette cérémonie est de consacrer l'orgue à son usage liturgique, de confirmer au milieu du peuple son rôle de "porteur de l'Esprit". C'est pourquoi, l'assemblée se regroupe d'abord sans intervention de l'instrument, chantant ainsi a cappella. Puis l'évêque (en grec episcopos, mot à mot le "superviseur"), après avoir béni et aspergé l'orgue, l'interpelle huit fois (autrefois, sur chacun des tons d'église): "Éveille-toi, orgue, instrument sacré. Entonne la louange de Dieu, notre créateur et notre père." Et ainsi de suite : "Célèbre Jésus", "Chante l'Esprit-Saint", "Élève nos chants et nos prières vers Marie", "Fais entrer l'assemblée des fidèles dans l'action de grâce du Christ", "Apporte le réconfort de la foi à ceux qui sont dans la peine", "Soutiens la prière des chrétiens" et "Proclame gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit". À chacun de ces appels l'orgue répond par une pièce improvisée, évocatrice, et destinée tout autant à faire découvrir les ressources de ses sonorités.

Mgr Eric Aumonier remonte l'allée centrale.

L'orgue entonna ainsi le Kyrie eleison de Patrice Launay, chanté par la chorale. Suivit le Gloria du même compositeur, le troisième volet de cette Messe fut l'Agnus Dei. Mais auparavant on put entendre pendant l'offertoire Michel Klaeylé, que l'on retrouva dans des pièces de Bach, après la sortie jouée par le titulaire (Concerto n° 6 de Haendel).

L'église Saint-Thibaut accueille 800 personnes... assises. Debout, un peu plus !

Éditeur
AOST
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